Organisé par le TGP de Saint Denis
Du 12 mai au 10 Juin 1998
Stage AFDAS
17 stagiaires
Animateurs : Bruno Meyssat
Assisté successivement de 2 acteurs de la compagnie Théâtres du Shaman : Jean-Michel Rivinoff et Philippe Cousin.
Le stage s’est concentré sur deux éléments qui ont pour lien l’approche du corps et de l’intimité de l’acteur :
Le corps : Le travail de préparation de l’acteur, enrichi par ses multiples corrélations avec les pratiques sportives.
Le but de l’atelier est d’enrichir le travail de préparation de l’acteur au contact des pratiques sportives, notamment par l’athlétisme. Comment l’endurance, la concentration, la rigueur, identiques au sein des deux milieux, peuvent développer et alimenter la gestion du stress, le travail dans des conditions difficiles.
L’intimité : Le travail d’improvisation et d’interprétation de l’acteur :
Comment les éléments “documentaires” de la vie de l’acteur, la part d’autobiographie qui alimente le travail, peuvent servir leur approche de l’interprétation, remettre en cause celle du texte et en augmenter l’exigence.
Notes au sujet des travaux relatifs à l’intimité et à la vigilance
Un travail “d’étirements” de l’acteur, non pas physiques mais intérieurs où la personne privée devra s’engager aux côtés de la personne professionnelle. Un effort documentaire de l’acteur sur lui même (et son propre travail) sera privilégié. Ses souvenirs seront donc sollicités. Néanmoins, l’usage de textes dramatiques n’est pas écartée ni l’approche particulière d’un thème littéraire voire mythologique.
Un travail avec certains textes dramatiques de Beckett, Pasolini, Zeami (Nô Japonais) entre autres encouragera l’exploration d’un théâtre où l’action de parler provient catégoriquement du silence, de tous les silences possibles (ceux du corps, de l’espace, de l’esprit, de l’artifice).
Nous avons souci de faire toucher du doigt aux stagiaires qu’il existe pour tout acteur, un ou plusieurs ponts intimes de résistance qui empêchent l’épanouissement de leur travail ou l’accès même à l’état intérieur où doit se réaliser l’exercice demandé.
Cette confrontation est une aventure personnelle qu’une écoute quotidienne renouvelle et amplifie. Nous souhaitons faire entendre puis partager cette exigence qui érige le stagiaire comme premier observateur des moments où il renonce intérieurement ou physiquement à affronter la difficulté particulière rencontrée lors d’un exercice. Ceci, sans faux-semblants, ni dramatisation, tel un artisan qui observe les fautes possibles de ses mains, les inattentions passagères de son esprit.
C’est le chemin intérieur qui nous
importe davantage que toute technicité ou virtuosité particulières.
Il s’agit de la difficile entreprise, pour l’interprète, d’être totalement
présent à ce qu’il fait sur un plateau, de faire une chose complètement avant
que de passer à la suivante.
Être au présent, ne s’appuyer ni sur le passé (sentimental ou non) ni sur la
profusion d’illusions qui nous tirent tous hors des perceptions que l’instant
propose à notre sensibilité. (L’instant c’est le partenaire, ce qui se dit dans
le dialogue, ce que propose ou impose une situation dramatique sur le plateau).
Le corps du sportif soumis à l’effort (ou consacré à une séquence physique
précise) encourage naturellement cette relation précieuse au présent ou du
moins il permet de faire tomber nombre d’attitudes ou de comportements qui font
diversion à la réalisation d’un acte authentique.
Notes sur un travail avec le corps
Une des caractéristiques particulières de ce stage est le rapport étroit qu’il établira entre la pratique théâtrale et la pratique sportive. Il existe un profit réel pour l’acteur à explorer les richesses que le sport tient disponibles pour la pratique du plateau.
Nous ne voulons pas parler seulement du training physique, mais des dispositions psychiques et intérieures requises par l’effort sportif. L’endurance, la résistance, la rigueur et la vigilance sont des qualités évidentes qu’ambitionnent, et l’acteur et le sportif, toutefois ce dernier aborde ces questions de façon particulière. Cette différence est pour nous exemplaire. La lutte avec le simulacre, le faux semblant et les postures sentimentales sont naturellement liées à l’acte sportif. A notre avis, ce combat intéresse tous les acteurs ( ainsi que les metteurs en scène).
De plus, nous souhaitons aborder l’effort sportif dehors, sur un stade ou dans un parc, considérant ce milieu comme “documentaire”, par opposition au milieu “synthétique” du plateau ou de la salle de répétition.
De ces choix résultera un combat prévisible de l’acteur avec lui même car l’exigence posée par le milieu naturel quant à son travail d’interprète le touchera et l’interrogera.
Il s’agit aussi de remettre le corps, l’air et la lumière naturelle au centre du travail de préparation de l’acteur. Le travail en plein air et ces écarts à l’approche traditionnelle l’encourageront à chercher en lui même les réponses aux difficultés qu’il rencontre dans l’interprétation, car en plein air, les fausses réponses ou les artifices sont la plupart du temps repérables.
Un des chantiers annexe sera d’interroger les travaux effectués en milieu synthétique (plateau, salle de répétition, …) en les reproduisant en milieu naturel (une piste d’athlétisme, une pelouse, un chemin creux…) afin d’en évaluer les différences et de les analyser.
Autres champs d’activités
Enfin, des exercices où l’espace, les objets, les sons et les lumières seront les partenaires principaux, de façon à ce qu’une disposition onirique soit explorée, voire développée en chacun.
Nous souhaitons aussi impliquer les acteurs stagiaires dans un échange conséquent portant sur deux types de question :
Que faites-vous quand vous ne travaillez pas sur un spectacle, quand vous n’êtes pas engagés dans un projet ? Quel est votre training ? Une pratique particulière joue-t-elle un rôle dans votre préparation ? A quelle autre “partie de votre vie” vous ressourcez-vous ?
Quelle conscience de votre corps avez-vous en répétition, en représentation ? Comment vous échauffez-vous avant de jouer ou de répéter ? En ressentez-vous le besoin et pourquoi ?