spectacle tout public à partir de 6 ans
Diffusion
Création du 26 au 28 janvier 2023 au Cube-Studio Théâtre d’Hérisson (03)
– 19 et 20 octobre 2023 (4 représentation) au Théâtre du Bois de l’Aune (Aix en Provence).
– 5 et 6 avril 2023 à La Fonderie (Le Mans)
– 11 et 12 avril 2023 au Festival Puy de mômes (Cournon d’Auvergne)
Distribution
Réalisation : Bruno Meyssat
Avec :
Philippe Cousin, Elisabeth Doll et Paul Gaillard
Régie Générale :
Pierre-Yves Boutrand
Scénographie et Lumières :
Pierre-Yves Boutrand
et Bruno Meyssat
Son : Bruno Meyssat
Chargée de diffusion: Céline Aguillon
Presse
Avec les contributions de
Robin Chemin (costumes) Patrick Portella (son), Thierry Varenne et Bernard Meyssat (scénographie)
Production Théâtres du Shaman
avec le soutien en résidence du Cube-Studio, Théâtre d’Hérisson,
de la Cie La Belle Meunière – Pierre Meunier et Marguerite Bordat
et des Résidences sur Mesure (Mexique / Guatemala)
Théâtres du Shaman est conventionné par le Ministère de la Culture – DRAC Auvergne Rhône Alpes,
la Région Auvergne Rhône Alpes
et reçoit le soutien de la Ville de Lyon.
INTRODUCTION
si ça se trouve s’inspire des superstitions et des comportements que nous inventons toujours et encore habités de nos espérances ou face à des événements redoutés.
Pour cela nous avons fréquenté le Rameau D’or, un ouvrage de l’anglais G. Frazer où se trouvent compilés et décrits un vaste ensemble d’actes conjuratoires pratiqués autour de la planète mais aussi le récit « Le vinaigre et le fiel » que fait la hongroise Margit Gari de sa vie et des croyances au début du XXè siècle.
De manière à nous rapprocher de ces mondes, de trouver davantage de passages vers nos sensibilités nous avons aussi partagé des lectures du « Cheval d’Orgueil‘ de Pierre Jakez Hélias : un témoignage surprenant au sujet de la manière dont l’invisible guidait encore récemment les bretons retirés des campagnes.
Les superstitions sont des créations qui ont une réalité physique et plastique. Elles tentent de rendre accessibles à nos initiatives des phénomènes intérieurs en les projetant concrètement sous le regard de tous. On peut alors intervenir et tenter envers elles des actions concrètes.
Par elles on visualise comment l’énergie circule dans le monde « à corriger » et on bricole une réponse (un acte) qui répond de façon inverse à la situation problématique. Cette réponse : une action, est une véritable création visuelle scénique. Comme les rêves elle est porteuse d’enseignements au sujet de notre for intérieur.
« Lorsqu’on laisse tomber une serviette de table ou de bain,
c’est signe qu’un visiteur va arriver.
Pour conjuguer ce sort,
il faut passer dessus à reculons. »
si ça se trouve ne sera pas notre premier spectacle jeune public. En 1995 nous avons réalisé Sonatine : une fantaisie visuelle à partir de rêveries prémonitoires d’une femme visitée par un ange et de quelques pages extraites des Évangiles apocryphes ; c’était au festival Théâtre en Mai.
Ce spectacle nous avait permis de constater la liberté d’interprétation de l’enfant-spectateur.
Qu’ « en faire selon ses propres vues » demeurait un jeu reçu et partagé par le jeune public.
LES SUPERSTITIONS ET LE THÉÂTRE
On peut avancer qu’il existe un lien entre le monde des superstitions et celui des plateaux de théâtre, entre « la mise en scène » des actes conjuratoires et de l’invention déployée lors d’improvisations avec des objets.
La pensée ancienne saisit souvent les faits comme « au pieds de la lettre », littéralement. Le monde invisible y possède les mêmes façons d’agir que celui-là. Ils sont physiquement si proches qu’ils se continuent l’un l’autre.
Les actions sur l’autre monde sont entreprises avec des matériaux de ce monde.
Et leur invention, décalée des attendus, excite donc l’esprit, propose à celui qui les fait, à celui qui y assiste, une activité imaginaire comme le font une peinture ou une acte scénique.
Les actions conjuratoires présentent des enchainements gestuels semblables à première vue à des énigmes visuelles et pour si ça se trouve quand elles paraissent au plateau, parfois littéralement, nous n’avons alors pas expliqué ni leur motivation, ni leur fonctionnement. Aussi leur réception, leur identification par le jeune public offrent un jeu libre et stimulant.
Les superstitions et les croyances populaires sont le domaine d’expression d’un monde qui combine merveilles, charmes et petites frayeurs.
Les contes populaires nous ont transmis ces histoires de façon bien connue. C’est un domaine où les frontières qui séparent et ordonnent notre monde sont estompées, celles qui par exemple attribuent des rôles et des limites aux choses, aux animaux, à l’espace, au temps.
Malmener ces limites provoque donc en retour des événements cocasses, peu raisonnables mais d’une grande cohérence car ils tiennent compte d’une autre géographie.
C’est ce monde qui nous a plu d’arpenter, de revisiter puis de tendre aux enfants qui eux aussi à leur manière savent façonner des paysages inédits, aux limites du crédible.
Dans l’ile de Nias (Sumatra) avant de pénétrer chez lui,
il cherche sur son chemin un arbre jeune ;
il le fend jusqu’au milieu et se glisse à travers la fente,
il croit que si un esprit s’attache encore à lui,
il restera accroché à l’arbre.
Frazer. Rameau d’Or. T4. 295
Nous avons porté notre attention vers des pratiques conjuratoires anciennes et vers quelques superstitions liées aux différentes étapes de la vie et plus particulièrement :
– à ce que peut faire l’âme si elle se sépare du corps pendant le sommeil,
– à la manière dont un objet et son détenteur restent liés au delà de leur séparation,
– à la façon de protéger magiquement un espace contre les intrusions
– à l’invisibilité de certaines influences qui circulent parmi nous
– aux manières de retrouver la mémoire d’événements oubliés
UN REGARD SUR UN PASSE TOUJOURS PRÉSENT
On définit le folklore comme l’ensemble des productions collectives émanant d’un peuple et se transmettant d’une génération à l’autre par voie orale et par imitation. En lui, en un même flot narratif, se combinent fréquemment ésotérisme et vie pratique.
Face aux débordements des élans de la nuit sur le jour, de nos craintes sur nos capacités, ces « récits » posent un espace de négociation (de jeu ?) avec ce qu’on ne voit pas. Les superstitions négocient avec des forces plus ou moins vigoureuses.
« Trouver un bouton surtout s’il a quatre trous, annonce un nouvel ami. »
« Les jours de fête, on laisse une assiette supplémentaire
sur la table pour le passant ou le vagabond,
afin de créer aucune jalousie vengeresse.«
Regarder des temps anciens c’est savoir à nouveau – ici par l’émotion – qu’on a pu vivre autrement mais aussi imaginer d’autres rapports aux gens, à l’espace et aux choses. Un monde où d’autres préoccupations affleuraient et y laissaient des traces visibles (ainsi les superstitions). On se frayait un chemin parmi ces réalités. «Redéployer» quelques croyances permettra, le temps d’un spectacle, à ces réalités anciennes de revenir vers nous, vers des enfants.
Ce spectacle aborde ces sensations.
THÉÂTRES DU SHAMAN : UNE ÉCRITURE DE PLATEAU
Il y a trois interprètes, deux hommes et une femme : Philippe Cousin, Élisabeth Doll et Paul Gaillard.
Nous pratiquons ce que l’on nomme désormais une «écriture de plateau». Nous ne mettons pas en scène un texte dramatique ou l’adaptation d’un récit. En répétition le spectacle s’élabore avec les outils même du théâtre dans une relation d’aventure où chaque élément rassemblé au départ du projet peut à travers maintes combinaisons permettre l’éclosion de nombreuses images inattendues.
En répétition, l’acteur-actrice sollicité(e) par un sujet, une phrase, choisit un ou plusieurs objets commence à agir et à inventer des enchainements qui sont notés et répertoriés en vue du montage à venir.
Quelques exemples de sujets d’improvisation pratiqués pendant les répétitions:
Est-il toujours là ? – sujet 11 –
Dans ce cas là j’utilise le placard à balai – sujet 29 –
c’est indispensable -sujet 36 –
Cette pierre est peut être quelqu’un – sujet 26 –
Quel modèle d’enfant voulez -vous ? – sujet 34 –
Surtout ne rien oublier ! – sujet 38 –
Ils seront obligés de venir – sujet 37-
Des objets se transmettent des informations je l’ai vu – sujet 31 …
Ces actions, crées dans l’instant par associations d’idées pourront ou non devenir des séquences et être assemblées ensuite comme le seraient les plans d’un film. Il en résulte un spectacle très visuel où lumières et musiques ont toutes leurs importances.
Nous avons réuni des d’objets choisis pour la richesse des comportements conjuratoires qu’ils traduisent encore aujourd’hui de façon discrète.
Certains ont été choisis par les interprètes au fil de leurs lectures. Si j’ai proposé quelques meubles à tiroir, des fleurs en papier, des masques et deux nourrissons-poupées ; ils-elle ont élu : des faucilles, un escabeau, des chapeaux, des planche brutes, un manteau aux poils longs, des sonnettes, un berceau, une table de camping…
« Dans la Grèce antique, un individu
qui était faussement passé pour mort
et pour lequel, en son absence
les rites mortuaires avaient été pratiqués,
était considéré disparu pour la société,
jusqu’à ce qu’il ait accompli le rite pour renaître.
On le faisait passer par les genoux d’une femme,
on le lavait l’emmaillotait, on l’allaitait.
Ce n’est qu’après ce rite qu’il pouvait à nouveau
frayer avec les vivants. »
Frazer. Rameau d’Or. T1. 55
Le spectacle s’est élaboré à partir de superstitions dont nous partagions la découverte. Elles s’imposaient tout d’abord par les résonances qu’elles avaient encore dans nos vies personnelles mais aussi par la beauté de leur invention, la finesse des correspondances impliquées, leur richesse gestuelle…
Leur ensemble a formé peu à peu comme notre texte de référence.
On exprime souvent que les croyances – et la société qui les fabrique – présentent les aspects d’un monde encore enfant. Or cette part ancienne nous accompagne encore dans notre vie quotidienne.
Par ses récits édifiants elle continue d’exprimer l’irrationnel de nos espérances, de nos craintes, de nos questions.
LES ENFANTS REGARDENT
Les moyens employés pour agir sur le sort sont parfois drôles car ils résultent de rapprochements insolites – comme si on sautait une étape du raisonnement profond en question. Ils expriment littéralement les croyances ; c’est cet «au pied de la lettre» qui fait souvent surgir le comique. Un décalage s’exprime ainsi pour nous qui la rencontrons.
Cette aire est très proche des enfants. Bien réelle, elle les accompagne discrètement, car pour eux ce n’est pas le temps de l’analyser, ni d’y poser un regard critique. Et c’est tant mieux tant cette attitude est une ressource qui encourage l’invention et le jeu. Pour les adultes c’est souvent plus compliqué de recevoir des formes sans que la narration ni la culture dominante ne les certifient. L’envie de décoder peut alors devenir l’événement principal de la représentation, son activité lancinante, son aporie.
si ça se trouve est un spectacle essentiellement muet.
Les enfants sont des inventeurs, des personnes actives par rapport à ces réalités. La part projective qu’ils exercent lors d’un spectacle est vigoureuse surtout lorsque ce qui arrive sur un plateau n’est ni commenté, ni cadré à l’excès. Ce sont des spectateurs qui demandent à être auteurs de ce qu’ils voient et entendent quand l’occasion se présente.
En Bulgarie, les maçons mesurent l’ombre d’un homme
avec une ficelle qu’ils placent
dans une boîte dans le mur d’un édifice en construction.
Dans les quarante jours l’homme dont on a mesuré l’ombre
disparaitra et son âme sera dans la boîte à coté de la ficelle.
Frazer. Rameau d’Or. T 1 . 536
si ça se trouve n’est pas encodé mais se présente telle la musique.
Les croyances parlent de nous, grands et petits qui sommes engagés dans un pas à pas parmi les choses inconnues (et qui souvent le demeurent). Chacun est convié. Les petits devinent que ces poésies rapportées concernent notre réalité d’aujourd’hui, intime.
Le cinéaste Tarkovski avait écrit : « Quand on se souvient on devient meilleur». Il voyait juste.
Bruno Meyssat.
26 janvier 2023
« Chaque fois qu’on pénètre dans la demeure d’une fée,
il faut songer à enfoncer un outil de fer acéré ,
un couteau, une aiguille, dans la porte,
les elfes ne pourront pas en fermer la porte
et vous empêcher de sortir.
De même pour se protéger d’elles,
il faut mettre son fer à repasser sous son lit et sa faucille à la fenêtre. »
Frazer. Rameau d’Or. T1. 618
Contact Diffusion
Céline Aguillon : celinaguillon@gmail.com / 06 20 41 46 49
https://www.theatresdushaman.com
Presse
La Montagne
26 janvier 2023
« Si ça se trouve »…, c’est du théâtre !