2015 / Nous Croire

Esquisse

Distribution

Interprètes : Elisabeth Doll et Gaël Baron
Régies : Pierre-Yves Boutrand et Bruno Meyssat


Durée : 25-30 mn
Production : Théâtres du Shaman, CNES (à l’initiative de Gérard Azoulay)

Présentation

« Nous croire.. » est un spectacle court qui réunit, dans un même espace de petites dimensions, la lecture de textes documentaires (des témoignages d’astronautes ayant participé aux missions Apollo) et des actions exercées sur quelques objets. Il y a deux interprètes : un homme et une femme. Tout se passe autour et sur une simple table, scénographie unique.

Les actions sont réalisées et donc perçues en même temps qu’on écoute les textes. Ces actions proviennent d’improvisations pratiquées au cours des répétitions à partir d’une phrase, d’un détail de ces même textes (ou d’autres encore). Ce travail de montage ou de marqueterie proprement audio-visuelle invite le spectateur-auditeur à recevoir une proposition ouverte tout autant que les connections personnelles, libres et originelles qu’elle provoque ; comme si on entendait un conte en regardant les flammes d’un feu. C’est un modeste essai sur le voir et l’entendre.

Les textes des astronautes seront choisis au regard des situations exceptionnelles évoquées et de leur capacité à provoquer la part d’imaginaire des autres hommes mis au défi de les comprendre. Nous savons que Eugène Cernan, Edwin Aldrin, Neil Armstrong (mais encore Alan Bean, Dave Scott…) ont décrit cet inouï avec clarté et pertinence. D’autres récits pourront rejoindre cette trame, la consteller comme un gravier un pare-brise.
La lumière, des sons, des musiques concourent à la perception de ces témoignages.

Les vols Apollo ont agrandis nos connaissances et notre rêverie au sujet des réalités de l’espace profond.

Ils ont provoqué l’étonnement et parfois le scepticisme. Leur nature merveilleuse, excessive, agit encore sur nous comme tous faits d’exception (inclus ceux des vastes domaines de l’horrible).
Pourtant le tissu dont nous sommes fait se fatigue de l’incroyable et le bien nommé extraordinaire n’est tout simplement plus perçu. Même les faits les plus sublimes nous lassent et leurs réelles dimensions échappent. Notre capacité à assimiler ces faits, à se les représenter, est limitée comme l’est celle de résister aux températures extrêmes ou à l’effroi.
Au fil du temps se dissémine le potentiel de ces expériences que quelques humains ont aussi vécues pour leurs semblables demeurés sur le plancher des vaches. Les vols Apollo s’éteignent ainsi discrètement dans le vacarme innombrable des actions parfois minuscules de notre époque.


Croire réellement ces témoignages requiert aujourd’hui des efforts de représentations mal commodes. Il en est ainsi pour tout spectateur placé devant un objet nouveau et pourtant secrètement désiré.


Bruno Meyssat. Cadix. 15 janvier 2015