Du 29 mars au 22 mai 2015
Ecole de la Comédie de Saint-Etienne
Deux axes principaux
1/
Des exercices placent les élèves dans des situations qui leur permettent d’observer en temps réel les relations multiples et fugaces entre leur subconscient, leur histoire personnelle et la zone où s’effectue le contrôle des actions et des intentions. L’aire visitée n’est pas technique mais émotionnelle et sensible. Cette préparation d’acteur vise à développer les capacités et l’envie d’improvisation, elle a aussi pour objectif d’explorer les gratifications qui accompagnent ces visites répétées aux ressources subliminales qui nous constituent.
On favorisera, pour chacun, l’observation des affects qui modifient la réalité d’une activité menée avec un partenaire (à travers le langage ou lors d’actions conjuguées) et les fluctuations de disponibilité qui en résultent. La personne de l’acteur est l’objet de toute l’attention autant que sa capacité à relier. Relier c’est, d’une certaine façon, exercer sa liberté : celle de reconnaître et de nommer sans entraves ce qui nous affecte.
Cet enseignement est complété par une initiation au tir mené par Yves Delnord qui fut entraineur national de la discipline ainsi que du biathlon. Il s’agit d’une exploration de l’activité emblématique du tir. Elle s’attache particulièrement aux phénomènes discrets relatifs à la concentration, à la coordination et au désir. C’est aussi une initiation à certaines réalités neurologiques qui nous caractérisent, celles qui président à l’exécution d’actions complexes, à l’installation d’automatismes et aux procédures d’apprentissage. Le tir est un acte concret et abstrait à la fois dont la réalisation est autant fugace que chronique. Il peut atteindre des réalités paradoxales.
2/
La fréquentation de la littérature journalistique traitant du monde tel qu’il va. Un journal révèle l’activité intérieure et proliférante de chacun de nous en relatant les convulsions du monde extérieur car ces deux réalités sont homologues. Ces articles (des textes) seront utilisés au sein des exercices. Ils permettront des croisements, des porosités entre des faits relatés et des états intimes non exprimés et parfois même informulés. C’est donc un questionnement au sujet des capacités dites « politiques » du théâtre. Face à l’actualité cruelle qui nous cerne, aux tournures bien particulières que prennent les tourments de notre époque, nous interroger sur la façon de les amener au plateau sans user du sempiternel recours aux classiques (« qui les auraient mieux exprimés que nous.. » etc…).
S’appuyer sur des généralités pour instruire, exposer des faits récents nous
semble court. Tout au contraire, nous désirons, en partant d’un événement très
documenté (un détail parfois) être conduit par capillarité à un ensemble
édifiant. Cet effort de liaison, de montage, à « L’occasion » du
Monde et de ses symptômes permet à l’acteur d’exercer ses capacités
d’auteur : celles qui procèdent directement de l’unicité de son expérience
propre en tant qu’homme ou femme et non seulement comme détenteur d’une
technique. L’acteur dépourvu des adjuvants de l’auteur exerce des compétences
qui l’engagent autrement.
Et ces compétences sont largement disponibles.
Bruno Meyssat. 15 avril 2015