Documentaire 7
Un bilan de Bruno Meyssat – janvier 1995
4 études brèves avec répliques
Les ateliers se sont déroulés en
quatre périodes d’une semaine, soit :
• du 13 au 18 juin 1994 au Cargo – Grenoble
• du 24 au 29 octobre 1994 à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon
• du 2 au 5 novembre 1994 à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon
• du 19 au 23 décembre 1994 à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon
23 acteurs et actrices y ont participé ;
• des acteurs avec qui Bruno Meyssat avait déjà travaillé : Elisabeth Moreau, Philippe Cousin, Jean-Michel Rivinoff, Geoffrey Carey, Christine Bertocchi, Pierre Sikirdji.
• mais aussi d’autres qui ont eu des parcours récents avec des metteurs en scène très différents : Sylvie Jobert (Thierry Bédard), Sarah Chaumette (Stanislas Nordey), Laurence Camby (Marc François, Claude Régy), Christian Taponard (Philippe Delaigue), Maurice Deschamps (Chantal Morel et Philippe Delaigue), Christophe Delachaux ( Jean-Claude Galotta et Georges Lavaudant), Catherine Fourty (Stéphane Braunschweig), Jean-Claude Martin ( Philippe Vincent), Patricia Psaltopoulos (Yves Charreton), Anne de Boissy et Marc Rozet (Sylvie Mongin), Isabelle Barthélémy (Michel Véricel), Raphaëlle Gitlis (Jean-Marie Villégier), Magali Chabroux (Christophe Perton)
• et aussi deux actrices que Bruno Meyssat a choisies du fait du caractère particulier de leur expérience : A. Paulicevich (théâtre amateur), C. Pontier (danse) et C. Vallon (stagiaire de C. Régy et M. François).
Ces ateliers ont permis d’aborder le travail sur le texte, d’en estimer les ecueils, de formuler des refus et d’affirmer des choix.
Tout d’abord, à Grenoble, l’éventail des textes fut très ouvert : Beckett, Lautréamont, Tchékov, Strindberg, Botho Strauss, Copi, …
A la Chartreuse, on été abordé essentiellement Strindberg, plus particulièrement les pièces suivantes : Mademoiselle Julie, Le Songe, La Maison brûlée, Le chemin de Damas I et III, L’île des morts, Charles XII, Père, Pâques, la Danse de Mort et enfin Orage (projet de mise en scène en janvier 1996) à la fin des ateliers.
Des exercices ont eu lieu dehors et ont permis de mettre à l’épreuve et de désigner quelques conventions, de souligner quelques propriétés particulières de certains textes (comme mis à l’épreuve du soleil et du vent, par exemple « Molloy » de Samuel Beckett). Le croisement de la parole documentaire de l’acteur et de celle attribuée au personnage a été pratiqué, entendu.
Dire un texte gêné par un effort
physique ou l’accomplissement d’une action de « précision » (lancer des
fléchettes sur une cible) a retenu aussi notre attention.
Plusieurs exercices ont été proposés par les acteurs eux-mêmes, certains
étaient même des « essais » répondant à des questions précises que le
métier leur pose.
L’écoute a toujours été privilégiée et mise à l’épreuve : celle de son
partenaire, celle du lieu, celle d’un son, celle du déploiement interne de
l’émotion conjointe avec celui du sens même des répliques (que l’on dit, que
l’on écoute).
Faire entendre tout ce qui est écrit ; ne répondre que quand on a réellement et complètement compris ce que l’on vous a dit (jusqu’à l’extinction de la dernière résonance en vous des mots ainsi qu’une cloche frappée…), « prendre son temps », « se laisser faire par lui »…
Un travail particulier a porté sur l’écriture des pièces du Théâtre Intime de Strindberg et son « inquiétante étrangeté ».
L’attention des distances mises entre les acteurs pour être ou ne plus être dans le même lieu de parole, le croisement de celle-ci avec le conte et ses convocations puissantes de l’invisible ont été abordées.
Ces ateliers furent très fertiles, ils ont dégagé des problématiques que chaque acteur reconnaissait, formulait à son tour, en l’étoffant de questions particulières qu’ils n’ont pas l’occasion, ou le temps, d’aborder lors de l’activité professionnelle. La convention intenable que de parler le verbe de l’autre et notre étrange disposition à voir et à entendre cet invisible affluer par les mots et céder tout de même à sa musique ont été au centre vivant de ces ateliers.
L’expérience fut concluante sans être, pour autant, achevée.